Etre une maman surdouée

"Surdoué(e)", ce mot qu'on entend comme un mot magique.
Que l'on voit comme une chance, comme un don.

Qui, pour la personne elle même, devient une tare. Un poids.

Etre surdoué, ce n'est pas être doté d'un QI exceptionnel qui va nous permettre de faire changer le monde, d'obtenir un prix, d'être admiré de tous les "non-surdoués".
Certes, ça peut.

Ce n'est pas mon cas.

J'ai été diagnostiqué la première fois par une psychologue que je voyais dans le dos de mes parents, quand ma vie était un enfer dans lequel je m'emprisonnais moi-même. Je ne comprenais pas pourquoi personne ne me comprenait, je ne comprenais pas pourquoi je me sentais si délaissée par tout et tout le monde. Je ne comprenais tout simplement pas pourquoi j'étais en vie.

En CP, je raflais tous les bons points. Au bout de 10, on avait le droit à une carte. Au bout de 10 cartes, on avait le droit à un livre. La maîtresse de l'époque avait du faire une pause, car elle n'avait plus de livres en stock. Je les ai tous encore aujourd'hui. A 6 ans, j'ai appris à reproduire certaines mélodies sur le petit piano que ma mamie m'avait offert. A 7 ans, je reproduisais des dessins à la perfection.

J'ai toujours eu des facilités dans les arts. Je regardais ma mamie peindre, et je reproduisais. J'apprenais l'anglais grâce à mon imagier. Je pouvais retenir de nombreuses choses par coeur en les entendant qu'une seule fois. Ma mamie faisait travailler cette mémoire qu'elle disait "exceptionnelle" en me faisant retenir ses longues listes de courses par coeur. Elle était fière. Aujourd'hui, je suis capable d'apprendre quelque chose de nouveau en une durée record. J'ai appris l'arabe en moins d'un an. Je parle anglais couramment, ainsi qu'espagnol. Je connais quelques signes de la langue des signes. J'ai dessiné tous les Disney de la chambre de mon fils. J'écris un roman. J'ai déjà écrit un livre. Si je veux apprendre quelque chose, ma seule motivation suffit. Ça, c'est la partie immergée de l'iceberg.

Au fond, c'était différent, et ça l'est toujours : je comprenais aussi le langage des adultes. Je captais leurs émotions. J'étais hypersensible. J'avais déjà ce côté sombre. J'ai découvert la solitude. J'avais des amis, mais en surface. Il ne me comprenait pas. Je n'étais pas de leur monde.

En grandissant, tous ses sens se sont développés : je suis capable de capter les émotions, comme un vrai siphon. Je ne passe pas 5 minutes sans penser. La pensée est, je pense, l'aspect de moi-même qui est le plus développé. J'ai parfois l'impression d'être une étrangère au milieu de tous. Je peux passer du rire aux larmes en 30 secondes. Tout me ramène à la pensée. Mon échappatoire.

Quand je suis tombée enceinte, je me suis demandée tout de suite comment j'allais vivre cet état. Finalement, après 8 mois de grossesse, je me rends compte que je suis restée moi : ascenseur émotionnel humain, pensées quotidiennes, anxiétés... Tant de troubles qui accompagnent le surdouée au quotidien.

Aujourd'hui, je me demande comment mon fils va être. Est-ce qu'il aura lui aussi cette particularité? Chaque jour, j'y pense, et je me dis qu'il va me falloir être particulièrement vigilante. Je ne le laisserai jamais vivre cela seul, comme moi j'ai du le vivre. Je ne veux jamais le voir un cachet à la main, tentant de fuir son quotidien. Je veux le voir s'épanouir. Je veux qu'il ne connaisse que la partie immergée de cette iceberg. Je veux être celle qui détectera chaque signe. Jamais je ne l'abandonnerai.

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